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Grand Hospice

Rencontre avec : Théo Sixou

Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Théo Sixou, vidéaste résident, dont le travail va bien au-delà de la simple captation. Il apporte une vision singulière, mariant l’esthétique texturée des anciennes époques à une narration captivante. Plongez dans l’univers de ce réalisateur passionné de danse, de mémoire et de créations atypiques.

Quelle est ta casquette principale dans le monde de l’image ?

« Je fais de la vidéo pour gagner ma vie. Je suis vidéaste… et j’ai plusieurs cordes à mon arc. Je fais du documentaire, je filme de la danse contemporaine, je réalise des clips… tous ces médiums me font vivre. »

Quel public ou quels projets cherches-tu à toucher en priorité ?

Théo cherche à collaborer avec des musées, des artistes et des artisans, fasciné par l’idée de réaliser des portraits vidéo qui reflètent et s’alignent avec l’univers de l’artiste.

« Si je peux avoir une équipe à diriger et que j’ai un statut de réalisateur-auteur, ça me plaît beaucoup. J’adore filmer la danse, créer un concept et raconter une histoire avec. »

Quels ont été tes derniers projets marquants ?

Au cœur de sa pratique réside une fascination pour le processus de fabrication, une curiosité qui se manifeste par la documentation de savoir-faire traditionnels. Un projet s’est concentré sur la fabrication minutieuse d’un tapis, révélant la complexité et la patience requises par cet artisanat. Un autre projet, actuellement en cours, plonge dans l’univers de la fonderie d’art, suivant le processus rigoureux de moulage en bronze d’une statue. Il retrace chaque étape, de la création délicate du moule au moment spectaculaire du coulage du métal en fusion, mettant en lumière la relation étroite entre l’artiste, l’artisan et la matière.

Poussant les limites de la narration et de la performance, il a également conçu une œuvre hybride et décalée : la « comédie musicale » intitulée Les Mécaniques de l’Amour. Commandée par la structure de musique baroque Les Talens Lyriques, cette création met en scène des adolescents discutant de l’amour tout en étant occupés à réparer des voitures. L’aspect le plus singulier de cette œuvre réside dans l’intégration sonore : les bruits d’outils, loin d’être des perturbations, se mêlent à la musique pour générer des rythmiques nouvelles et surprenantes, créant un dialogue inattendu entre le classique et le mécanique.

Enfin, son engagement dans la médiation culturelle s’est étendu au domaine de l’architecture. Il a réalisé une série de vidéos commandées pour une biennale d’architecture à Versailles, offrant un regard singulier et potentiellement didactique sur les enjeux et les formes de la construction, qu’elle soit contemporaine ou historique.


Comment décrirais-tu ton univers visuel ?

« Mon film est texturé, il est plus proche d’autres époques. Il est au niveau pictural, parfois sombre et mélancolique. »

Il se sent proche de l’esthétique des années 70-80, une époque où le cinéma prenait plus de liberté par rapport aux formats actuels qu’il juge « extrêmement formatés » par l’économie. Ses thèmes de prédilection sont la mémoire, la nostalgie et la tristesse, souvent explorés à travers des drames qui flirtent avec le naturalisme et l’onirisme.

Quelles idées ou émotions essaies-tu le plus souvent de transmettre ?

Ses thèmes de prédilection tournent souvent autour de la tristesse et de la nostalgie. Théo est un scénariste de drames axés sur la mémoire et la quête existentielle.

« C’est à mi-chemin entre le naturalisme et la magie, l’onirisme. Ça questionne la mémoire, la fiction qu’on se raconte, ce qui est réel, ce qui ne l’est pas. »

Ses références cinématographiques comprennent Tarkovski, Mysterious Skin de Gregg Araki, et le court-métrage expérimental La Jetée.

Théo Sixou  déplore le formatage structurel actuel des films, souvent contraint par des impératifs économiques. Il admire la liberté de l’époque où les films pouvaient être de simples scènes de vie sans obligation de « résoudre » une intrigue.

Qu’est-ce qui te distingue, selon toi, des autres vidéastes aujourd’hui ?

« Je crois que je suis très créatif. J’adore l’idée de pouvoir trouver un concept qui n’a jamais été fait, qui n’a jamais été vu. C’est ce qui me fait vibrer. »

Il met sa créativité au service de ses clients, même les plus institutionnels, mais c’est dans la recherche de l’atypique qu’il s’épanouit le plus, tout en reconnaissant que « c’est plus compliqué d’aller chercher des gens qui veulent faire quelque chose qui sort de la norme, » face aux contraintes économiques.

Un Dernier Mot : De l’Onirisme aux Concepts Atypiques

L’échange avec Théo nous plonge dans un univers où la vidéo est bien plus qu’une simple captation : c’est un médium pour explorer la mémoire, la nostalgie, et repousser les limites du formatage. Entre son amour pour la danse et son talent à dénicher des concepts inédits, Théo incarne parfaitement l’énergie créative qui anime le Grand Hospice.

Nous avons hâte de découvrir ses prochaines réalisations, qu’il s’agisse de documenter un processus artisanal ou de diriger un clip audacieux à Paris.